Le savon : le cosmétique par excellence, l’instrument de l’hygiène

Le savon : le cosmétique par excellence, l’instrument de l’hygiène

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Dans le sens commun, le mot « savon » désigne toutes les substances, liquides ou solides, utilisées pour le nettoyage des sols, l’entretien du linge ou la toilette du corps. Cependant, le véritable savon répond à une définition chimique précise. C’est un produit obtenu par l’action d’un alcali (soude ou potasse) sur un corps gras. C’est un agent important de l’hygiène…

Le savon est le résultat de siècles d’évolution dans sa composition. De l’Antiquité où il était fabriqué à partir de graisses animales ou huiles végétales selon l’approvisionnement local, sa qualité s’est largement améliorée par la découverte de la soude caustique et par l’utilisation d’huile d’olive vers le VIIIe siècle. Le pourtour méditerranéen, riches en plantations d’oliviers, verra ses principaux ports prédestinés à un développement important de la fabrication du savon, notamment à Marseille.

En 1789, le médecin et chimiste Nicolas Leblanc synthétise de la soude à partir d’eau de mer. Ce procédé qui permet la mécanisation de la production de soude, se répand dans toute l’Europe au XIXe siècle… Et fait entrer la fabrication du savon dans l’ère industrielle. Dans cette même période, les médecins hygiénistes et les pouvoirs publics s’accordent sur les bienfaits du savon comme ambassadeur de la propreté. Les grandes marques de cosmétique se l’approprient alors et développent une multitude de produits mythiques : Cadum, Lux, Monsavon… Des produits dérivés font leur apparition… Comme les dentifrices (avec la brosse à dent), les produits pour l’hygiène intime, les shampoings…

Marseille , une histoire d’hygiène au cœur de la Provence

Le savon de Marseille fabriqué selon la méthode traditionnelle est un produit naturel. Il ne contient aucun parfum, colorant ou ajout quelconque. Sa formule est inscrite par Colbert dans l’édit de 1688 afin de garantir sa composition et sa qualité. Il est fabriqué uniquement à partir de soude et d’huile d’olive. À son apogée en 1913, la région de Marseille compte 90 savonneries et produit 180 000 tonnes de savons. Avec l’avènement des lessives en poudre et la mondialisation, l’industrie de la savonnerie à Marseille décline. Le procédé de fabrication n’étant malheureusement pas breveté, la seule obligation est de respecter la proportion minimale de 63% de corps gras. Actuellement, il ne reste que cinq sociétés en fonctionnement produisant des savons de Marseille selon la méthode traditionnelle. Le Sérail, la Compagnie du Détergent et du Savon de Marseille, la Savonnerie du Midi à Marseille, Rampal-Patou et Marius Fabre à Salon-de-Provence…

Et à Grasse…

Aux XVIIIe et XIXe siècles, la dizaine de savonneries grassoises existantes est essentiellement spécialisée dans la fabrication de deux types de savons. Le savon marbré est employé comme détergent ménager. Le savon blanc, plus doux, sert au nettoyage des laines. II est également utilisé par les industriels de la parfumerie qui l’achètent aux fabricants. Une fois parfumé, ils le conditionnent en savonnettes odorantes. Au XXe siècle, tandis que les savonneries ont presque toutes disparu, plusieurs maisons de parfumerie, souvent à vocation touristique, perpétuent cette activité, en continuant à façonner et commercialiser leurs propres savonnettes odorantes.

Le savon et les parfumeurs

Dès 1579, en Italie, les parfumeurs ajoutent des senteurs aux boules de savon, créant ainsi les premières savonnettes ou savons de toilette. C’est l’emploi comme produit de rasage qui a donné un premier essor à la savonnette. En 1770, en Angleterre, la société Yardley’s connaît ses heures de gloire grâce à son savon à la lavande. Dès 1862 en France, Roger & Gallet parfume ses savons avec la célèbre Eau de Cologne de Jean-Marie Farina. Le savon essaie d’échapper à son statut de produit d’hygiène pour être assimilé à un produit de beauté… Notamment grâce au lancement des lignes parfumées, adaptant la fragrance initiale au savon et autres produits cosmétiques.

On insiste sur son odeur parfumée, sa douceur, l’abondance et l’onctuosité de sa mousse. Non seulement la peau devient propre, mais sent bon. Au XIXe siècle, pour promouvoir les mérites de leurs produits, les fabricants font confiance aux étiquettes dorées et fleuries… Ornées d’arabesques, collées sur des boîtes standards, dont on ne se préoccupe pas encore de personnaliser la forme. La démocratisation de l’hygiène et l’arrivée de la salle de bain dans les habitations, impacte directement sur le développement de nombreuses sociétés de savon et de parfum… Elles redoublent d’inventivité pour créer des illustrations dans le goût de l’époque. Après quatre siècles de suprématie, les beaux jours de la savonnette s’essouffleront avec l’arrivée massive des gels douches à la fin des années 1980.

michael